Quand la nuit devient jour

« Je n'en pouvais plus de me battre contre quelque chose que je savais impossible à vaincre. »

Titre: Quand la nuit devient jour Auteur: Sophie Jomain
Pages: 238 Parution: Pygmalion - Avril 2016
On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà. La dépression. Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début. J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois. Le 6 avril 2016. Par euthanasie volontaire assistée.


» Mon avis: Je connais pas trop sur l'auteure, juste le fait qu'elle a écrit un roman qui me tape à l'oeil depuis un moment, Les Etoiles de Noss Head, et je n'ai jamais entendu parler de ce livre-là. C'est en réarrangeant les livres à la librairie que je suis tombée dessus. J'ai vu le prix et ça m'a choquée, donc je me suis demandée de quoi il s'agit. J'ai lu par hasard les premières pages. Et depuis, je n'ai plus pu décrocher.

Quand la nuit devient jour traite un sujet assez délicat: L'euthanasie volontaire assistée. Alors que ce sujet reste un tabou dans le monde arabe, nos voisins à l'Europe en font le sujet de débats. Naturellement, dès que j'ai compris le sujet du livre, j'ai eu peur. Peur que ce soit un peu trop poignant sur le plan moral.

« Oui, j'ai obtenu et goûté à tout ce qu'une petite fille pouvait rêver d'avoir,
 mais je ne ressentais pas la moelle de la vie,
je ne possédais pas l'essentiel : la raison d'être. »

Âmes sensibles, s'abstenir: c'est une histoire très touchante. Suivre Camille, une femme brisée et tourmentée, voir à travers elle tous les troubles d'alimentation, et vivre avec elle le chagrin et la souffrance de ne pas se sentir dans sa peau, de ne pas s'aimer et surtout ne pas s'accepter soi-même. En même temps, on garde espoir pour elle: On sourit, on pleure, on prie et on apprend à apprécier ce qu'on a, à accepter les décisions de cette femme souffrante.


C'est bouleversant quand même de vivre dans la peau de Camille; de la voir de près oscillant entre anorexie et boulimie, déprimer et refaire surface, être face aux jugements de la société en dépit de tout ce qu'elle fait, et surtout être trahie et maltraitée par celui qu'elle aime.

« Être libre de mourir comme on le souhaite,
c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend. »

Le récit est poignant et l’histoire de Camille n'est pas passée inaperçue pour moi. Elle suscite la réflexion, et m'a fait partager la détresse de Camille. Ce bouquin m'a laissée sans voix, incapable de vous décrire ce que je ressens pour l'auteur qui a fait un boulot extraordinaire, pour ce personnage extrêmement attachant, pour l'intrigue marquante et pour tous ceux qui la ressemblent dans notre monde.

Cependant, je n'ai pas particulièrement aimé la fin, elle m'a laissée perplexe et je me trouve passée directement à côté du coup de cœur.

» Bref: Je ne sais pas trop comment vous pousser à lire ce livre, mais sachez que la liste des livres qui resterons aggravés dans notre mémoire est très étroite, et Quand la nuit devient jour y figure.

» Ma note: 18/20

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