« DIX-NEUF » de Sami Mokaddem


» Titre: Dix-Neuf
» Auteur: Sami Mokaddem
» Edition: Pop Libris 2014
» Genre: Thriller, Paranormal
» Synopsis: Une mystérieuse équation mathématique cachée dans une partition musicale, un livre ancien servant à invoquer des forces maléfiques, un secret enfoui au fond d’une tombe punique et une pyramide géante immergée sous les eaux des Bermudes : rien ne semble lier ces éléments, et pourtant…
Lorsque les descendants de trois peintres célèbres sont soudain tués dans trois pays différents, Viviane Silva, agent spécial, découvre que les assassins étaient sur la trace d’un message codé, dissimulé dans l’une des toiles des maîtres. Un puzzle monstrueux se met alors en place, dévoilant une conjuration démoniaque, qui prépare, depuis le temps de l’Egypte ancienne, l'avènement du règne des Ténèbres sur terre.


» Remerciements: À l'auteur, Mr. Sami Mokaddem, et l'éditeur, Mr. Atef Attia, pour leur générosité, pour m'avoir offert les deux éditions de Dix-neuf. Et je  m'excuse d'avoir attardé de délivrer mon avis dessus... C'est délicat de chroniquer un livre tunisien, un livre d'un auteur que je connais personnellement, de peur d'être trop subjective.

» Mon avis:
La couverture: Avouez, cette couverture est à tomber. Nous devons rendre à l'illustrateur ce qui lui est dû. La beauté des détails, de cette conception est très captivante; même si je ne connaissais pas l'auteur, si j'avais vu cette couverture sur une étagère, elle m'aurait eue immédiatement.



Les personnages: Au départ, on suit plusieurs personnages séparément, chacun mène son enquête à part. Rayan, un mathématicien qui essaie de comprendre pourquoi il a perdu la mémoire, et pourquoi ses amis ont disparu à Tunis. Vivianne, agent secret suit une affaire de meurtres des derniers descendants de peintres célèbres entre Tunis et la France. Adam s'aventure au coeur de la nature cherchant à résoudre l'énigme qui relie Lilith et ses succubes aux enlèvements de mères enceintes dans un village.

Au fils des pages, ces trois histoires s'entrecroisent, une information que détient un personnage résout la quête d'un autre, et on est introduit à d'autres personnages à rôle de colle (on peut dire ça? :p) qui réuniront et aideront nos trois personnages.

Malheureusement, malgré le nombre assez élevé de personnages, on ne ressent pas la diversité. Pour la plupart, ils sont simples. Je ne sais pas si vous me comprenez mais c'est comme s'ils partagent le même squelette, qui déjà n'est pas assez profond.


Ce manque de profondeur reste parfaitement compréhensible dans ce roman particulièrement et surtout pas très remarquable car tout au long du livre, on est captivé par les quêtes, côté que l'auteur a favorisé au détriment du développement des personnages. On ne se rend compte de ce point négatif qu'en fermant le livre.

Intrigue, histoire et plume: Selon l'auteur, il lui a fallu deux années pour écrire ce roman (ce qui est largement inférieur au temps qui m'aurait fallu à moi hahaha), entre recherches sur l'histoire de Carthage, Hannibal Barca, mythologies carthaginoises, sumériennes, histoire de l'art, de la peinture, de la musique, et même l'histoire de la littérature et mythologies Lovecraftiennes.

C'est fascinant, d'avaler toutes ces informations, de connaître plus sur tout ça. Mais vous savez ce qui est beaucoup plus fascinant? C'est de manipuler ces chefs-d'oeuvres, d'interpréter un film, une bande sonore, des tableaux, pour créer des liens à partir des plus petits détails. L'auteur est doté d'un pouvoir imaginatif époustouflant. Il y a des passages que je relis une mainte fois essayant de comprendre comment quelqu'un puisse créer ça. Certains lecteurs le comparent à Dan Brown, mais vous avez oublié un détail: Manipuler les mythologies? C'est un pouvoir Riordanien ça!


J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur, qui allie Histoire et activités paranormales, qui allie le passé avec un univers parallèle, des créatures d'un autre monde, qui allie beauté, romance, meurtres, mystères et complexité avec un si riche vocabulaire et une fluidité qu'on se sent dans un état secondaire, on n'est plus là, un état de transe.

Mais ça fait quelques jours que j'essaie de mettre le doigt ce qui ne m'a pas plu au cours de ma lecture. Ce n'est pas qu'il n y ait pas... c'est plutôt quelque chose d'abstrait? C'est ce sentiment omniprésent de danger, cette ambiance où quelque chose de mal va arriver, tout le monde est à bout de nerfs, tout le monde s'attend, se prépare à l'impact mais, pour une grande partie du livre, tout le monde ignore la nature de ce "danger", et donc personne ne réagit pour l'empêcher.

C'est en partie à cause de l'amnésie de Rayan. Chose qui est pour moi un grand point positif! On est ignorant car le personnage lui-même ne sait pas, ou ne se rappelle pas. Mais ça devient irritant de le répéter chaque chapitre sans voir un plan se développer pour résoudre ce problème, mais agissez, bordel!!! Mais bon, c'est plutôt une colère envers les personnages qu'envers l'écriture-même :p est-ce un point positif? Que les personnages puissent avoir cet effet sur nous, n'est-ce pas une réussite? Je ne sais pas.

Cette amnésie m'a causé un autre problème. Il est difficile d'apprécier le suspens, difficile d'être impatient pour ce qui arriverait ensuite, parce qu'en fait, j'ai du mal à suivre ou comprendre où veut nous prendre cette aventure. Il y a trop de révélations, trop d'idées en même temps, et elles ne sont pas assez organisées, ceci nuit à l'élément de surprise ou de rebondissement dans quelques chapitres. Je dis bien "quelques". Pour la plupart, ça m'a plus ou moins bouleversée.

Finalement, j'ai eu un petit pincement au cœur quand on a mentionné le Nécronomicon, croyant qu'on allait employer le livre comme un vrai ouvrage et tout. Mais à ma déception, on a choisit de le traiter comme il est réellement, un livre de fiction.

  

Edition: J'ai beaucoup aimé le fait que la nouvelle édition comprenne des illustrations en début de chaque partie, ça fait un peu plus beau :p Les deux éditions comprennent également des miniatures des tableaux.

Ce que je n'ai pas apprécié, c'est les notes en bas de page. Mais ça m'a irritée d'une façon!!! Je comprends parfaitement le besoin de clarifier ce qui est réellement réel et ce qui est le fruit de l'imagination de Sami Mokaddem, et en quelque sorte ces notes témoignent ses efforts et sa recherche approfondie. Mais POURQUOI EN BAS DE PAGE? La place de ces réf. c'est une page à la fin du livre. C'est un roman de fiction. Laissez-moi me plonger dedans, ne me faites pas ressortir vers la réalité à chaque page.. sivouplai! J'ai beau essayer de ne pas lire les notes.. ça marche pas.


Même si ma chronique peut vous paraître assez négative, mais je vous jure c'est que j'ai tendance à me concentrer sur le négatif que sur le positif pour éviter toute subjectivité excessive.

» En bref Ça te kidnappe entre ses pages, ça te fait veiller la nuit, ça te coupe le souffle, ça te rend curieux (oui oui j'ai fait plusieurs recherches sur certains sujets mentionnés dedans), mais surtout ça te fait redécouvrir tes mythologies, ça te prend pour un voyage dans le temps pour revoir  ton Histoire et ça fait naître en toi un sentiment d'appartenance, de patriotisme, d'amour pour le pays.
» Ma note: 19/20 (coïncidence ou pas? vous le saurez jamais :p)

» Le petit plus: Les livres de Mr. Mokaddem sont désormais disponibles sur Amazon!

» Pour vous donner envie:
“Elle se souviendrait toujours de la pâle lune automnale éclairant
la scène du crime, des bandes jaunes entourant l'emplacement du cadavre.
Elle se souvenait d'avoir serré son corps sans vie contre elle,
et d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps.”

“Il traversa le sentier qui serpentait entre les arbres s'aidant de sa lampe torche.
Le bruit des insectes nocturnes résonnait dans ses oreilles, on aurait dit que la forêt vivait,
respirait, que les arbres menaçaient de se retirer de la terre et de s'abattre sur cet inconnu
qui souillait leur temple sacré.”

“La dame était d'une beauté à couper le souffle. Sa peau, d'une extrême blancheur
faisant naître le désir chez les hommes. Ses yeux étaient immenses, dorés,
et son regard hypnotique. Une bouche ressemblant à un fruit mûr
se dessinait sur son visage éclatant de beauté.”

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